Un courrier de juin 1920, de l’Imperial War Graves Commission (Commission britannique des sépultures de guerre), met en évidence un extrait du Journal Officiel de la République française du 8 juin.
(Ce courrier apprend aussi, qu’au sein de la Commission impériale des sépultures militaires, il y avait un Comité mixte franco-britannique.)

– Une question est alors posée par un Député au Ministre des pensions, le 18 mai 1920.
Des parents demeurant à Lille (Nord) ont-ils l’autorisation de ramener et placer, le corps de leur fils mobilisé et précédemment enterré à Wimereux où il était en convalescence, dans le caveau familial ?
– La réponse reprend l’Instruction ministérielle du 15 juin 1919, insérée au Journal Officiel du 18 juin :
« Tous transports de corps de militaires décédés pendant la guerre et inhumés dans l’ancienne zone des Armées sont interdits, quel que soit le mode envisagé. Le Département du Pas-de-Calais étant compris en entier dans cette zone, le transfert de Wimereux à Lille des restes d’un militaire décédé entre le 2 août 1914 et le 24 octobre 1919 ne peut être autorisé.» (Selon Béatrix Pau, Interdiction entre le 19 novembre 1914 et le 31 juillet 1920)*.
« Toutefois la question du transport des corps des militaires inhumés fait l’objet de propositions de lois, soumises à l’étude des Commissions compétentes du Sénat et de la Chambre des Députés. »
La restitution des corps aux familles, des victimes civiles et militaires, commence donc en janvier 1921 et se poursuit pendant 3 ans. De nombreux transports funéraires sont organisés par trains, au départ de gares régulatrices, vers les gares départementales de toutes les régions de France. Les victimes civiles, femmes, enfants et personnes âgées, originaires des régions évacuées sont rendues à leurs familles. Dans les Départements non compris dans l’ancienne zone des armées, la restitution des corps commence au printemps 1922.
On apprend dans « Généalogie et Origines en Pyrénées-Atlantiques » que le transport de corps pour les civils était soumis à une stricte réglementation. Un dossier réunissant des documents (certificat du médecin attestant que le défunt n’était pas malade contagieux, motivation de la demande d’exhumation par la famille, certificat de décès …) était soumis à l’approbation de la Préfecture.
La retranscription suivante concerne un dernier convoi funéraire arrivé dans le Pas-de-Calais. Les gares régulatrices de départ étaient celles de Creil et Brienne-le-Château. Seuls les noms des civils sont retranscrits, les données étant plus difficiles à collecter que pour les soldats, pour lesquels de nombreuses bases sont déjà existantes.
– Le journal « Le Pas-de-Calais libéré » du 2 juin 1922 titre ‘Nos glorieux morts’ :
Un convoi de 300 corps venant de Creil, à destination du Pas-de-Calais, est arrivé mercredi matin en gare d’Arras. Ils ont été immédiatement dirigés par les soins de MM. Boulan et Donnay, commissaires de gare, vers leurs gares respectives.
– Le Pas-de-Calais libéré du jeudi 8 juin 1922 poursuit:
« Mardi matin est arrivé en gare d’Arras, le 4ème convoi funèbre comprenant les restes glorieux de près de 200 corps, dont un grand nombre sont ceux des victimes civiles de la guerre. Le train s’est formé à Brienne. »
Retranscription de la quatrième et dernière liste des morts ramenés dans le Pas-de-Calais avec le 38ème convoi, les victimes civiles des régions de Lens, Arras et Béthune :
Alcide FLOCHEL, Beaurains
Laurence BRULIN, Courrières (Mam et cimetière communal). Décédée en 1918.

Marie LIEGEOIS, veuve HERBEAUX, Corbehem
Emile CITERNE, Courrières
Hermande CATTIAUX, veuve TATINCLAUX, Bourlon
Léonard WILLEMAND, Béthune
François CADOT, Carvin
Alexandrine HAYEZ, Courrières
Justine CUVELIER, Carvin
Pauline MELLIN, Courcelles-lès-Lens
Camille DELVAL, Carvin (Mam)
Marie BEGUE, Biache-Saint-Vaast
Veuve PHILIPPS, Biache-Saint-Vaast (Albertine Julie BERTELLE ? Inhumée au cimetière communal ?)
Augustine BACQUEZ, Harnes
Zélia BACQUEZ, Harnes
Ferdinande BRULIN, Courrières
Louis LEFERT, Douvrin
Jules DEFRANCE, Noeux-les-Mines
Rosa FRANçOIS, veuve LEMONIER, Oignies
Zéphir VOYEZ, Douchy-lès-Ayette
Berthe GIRAUD, Courrières
Constance DEBARGE, Courrières
Rose DUHEM, épouse RAVEZ, Courrières
Jeanne BEUTRY, Courrières
Jules DECAMBROY, Monchy-au-Bois
Robert COULON, Courrières
Ferdinand SPREUX, Courrières
Henri WACQUIER, Noyelles-Godault
Loula DUTERTRE, Harnes
Stéphanie BACQUEVILLE, épouse NEAUPORT, Neuville-Saint-Vaast
Xavier VERLAINE, Harnes
Elie MONVOISIN, Metz-en-Couture
Marie FLEURY, Harnes
Marie LECOMTE, Graincourt-lès-Havrincourt
Jules VILET, Noyelles-Godault (Mam)
Louis GALLAND, Hénin- Liétard
François NEAUPORT, Neuville-Saint-Vaast
Modeste HERLAUT, Harnes
Angèle HOUZIAUX, Harnes
Blanche DUFOUR, Lens
Zélie DEVOS, Laventie (née en 1842 à Fournes-en-Weppes ? mariée en 1864 avec Jules LEFEBVRE ?)
Angelo MOURONVAL, Lagnicourt
Emile LEFEBVRE, Fampoux
Oliphie FAUQUEUX, Laventie (cimetière communal). Décédée en 1918, comme 2 autres membres de sa famille.

Alfred DELARGE, Loison-sous-Lens
Joseph MARTIN, Loison-sous-Lens
Henri DECOOPMAM, Lens
Henri DEHAY, Liévin
Narcisse CREPEL, Fampoux
Emile DELAGE, Liévin
Veuve CAUVIN, née BARBIER, Feuchy
L’abbé François CANTRAINE, Hersin
Jules VANKERKOVE, Lens
Charles GRUMIAUX, Liévin
Zulma GHEYSENS, Loison-sous-Lens
Louis FERRIER, Evin-Malmaison

Gaspard BASSET, Loison-sous-Lens
Amelina GHEYSENS, Loison-sous-Lens
Louise MAYEUX, Lens (peut-être celui mort à 17 ans ? Décédé en 1918)
Hortense FREMOY, veuve MARION, Hénin-Liétard
Anatole LEFEBVRE, Riencourt-Lès-Cagnicourt. Décédé en 1919.

Florentine FOSSIER, épouse TELLIER, Wanquetin
Hippolyte DELEBRAYE, Wingles
Séverine WIART, veuve GENTY, Vitry-en-Artois
Henri WARTEL, Noeux
Les noms de nombreux civils évacués (femmes, personnes âgées…), morts loin de chez eux, ne sont pas tous inscrits sur les Monuments communaux. Une raison était que les civils n’étaient pas répertoriés comme l’étaient les soldats Morts pendant la guerre. Une autre raison s’explique par le décès de ces réfugiés dans des communes de départements hors zone de guerre. Les décès ont dû être consignés dans les registres de ces communes et non transmis, après-guerre pour transcription, aux villes respectives des différents lieux de résidence. Ils n’ont pas obtenu la mention « Mort pour la France » mais cela peut se réparer en écrivant à l’ONACVG.
Dans les convois de rapatriement, des corps de soldats demandés par les familles, ces civils ont peut-être aujourd’hui une sépulture dans un cimetière communal du Pas-de-Calais. A vérifier…
N’hésitez pas à signaler les erreurs de retranscription des noms de famille !
Les coupures de presse sont jointes au texte, pour les noms de soldats du Pas-de-Calais rapatriés.


Notes et sources
* « Le Ballet Des Morts » – Béatrix Pau
Armée de terre | Inflexions – 2017/2 N° 35 | pages 167 à 174.
– 20 | 1993 – La mort – « La fouille des champs d’honneur
La sépulture des soldats de 14-18 » – Yves Pourcher – p. 37-56.
– Cote 11 R 2187 – Les Archives départementales du Pas-de-Calais ont répertorié un registre de transferts de corps des militaires, réfugiés et victimes civiles de 1922 à 1938. Sont notés les noms, prénoms, date de convoi, communes ou département d’origine du convoi et communes de destination. Une belle étude à mener…
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